Le 12 juin 2023, l’Italie perd l’une de ses figures majeures de la vie publique : Silvio Berlusconi. L’ancien homme d’affaires et homme politique italien aura marqué l’histoire de son pays durant près de 50 ans. Souvent controversé, il laisse derrière lui un héritage aux multiples facettes. Retour sur la vie et la carrière de cet homme qui aura su rester au centre de l’attention médiatique jusqu’à son dernier souffle.
Du chanteur de boîte de nuit à l’empereur des médias
Silvio Berlusconi est né en 1936 à Milan, dans une famille de la classe moyenne. Il a commencé sa vie professionnelle en tant que chanteur de boîte de nuit, ce qui lui a permis de faire ses premières armes dans le monde du divertissement. Par la suite, il s’est lancé dans des études de droit et a fait fortune en tant que promoteur immobilier.
Mais c’est en 1978 que l’histoire de Berlusconi prend un tournant décisif : il jette son dévolu sur les médias italiens et crée une société locale de télévision par câble. Grâce à ses relations politiques, il parvient à créer le plus grand empire médiatique d’Italie.
L’homme d’affaires qui sauve le Milan AC
En 1986, Berlusconi rachète le Milan AC, alors en pleine faillite, et le remet sur pied. Il investit massivement dans le club et le propulse à nouveau au sommet du football italien et européen. Il restera président du club jusqu’en 2017, année où il cèdera ses parts à un consortium chinois.
La naissance de Forza Italia et l’ascension politique
C’est en 1993 que Silvio Berlusconi fonde le parti Forza Italia, en pleine période de bouleversements politiques et sociaux en Italie. L’opération anti-mafia “Mains Propres” vient de balayer les partis traditionnels, laissant un vide que Berlusconi saura habilement combler. Dès l’année suivante, il remporte les élections générales et devient Premier ministre.
Il exercera ce mandat de chef du gouvernement italien sous quatre présidents différents, cumulant au total 17 années à la tête du pays. Surnommé “Il Cavaliere” (le chevalier), Berlusconi se forge une image de sauveur de l’Italie, tout en étant de plus en plus controversé.
Les affaires judiciaires et les scandales sexuels
Au fil des années, les accusations de fraude et de corruption se multiplient à l’encontre de Berlusconi. Les scandales sexuels, notamment les fameuses soirées “Bunga Bunga” organisées dans sa villa, font les gros titres des médias nationaux et internationaux. Malgré tout, il conserve une base solide de soutiens et continue à jouer un rôle majeur dans la vie politique italienne.
En 2011, au plus fort de la crise de la dette de la zone euro, Silvio Berlusconi démissionne de ses fonctions de Premier ministre. Deux ans plus tard, il est reconnu coupable de fraude fiscale, chassé du Parlement et interdit de se représenter pendant une période donnée.
Le retour en politique et les dernières années
Malgré ces affaires et condamnations, Silvio Berlusconi n’a jamais abandonné la politique. En 2019, il peut à nouveau se présenter à des élections et remporte un siège de député européen. En 2022, à l’âge de 86 ans, il retrouve son fauteuil de sénateur.
Officiellement soutien de Giorgia Meloni, la première ministre italienne, il n’hésite pas à la mettre dans l’embarras en renouant avec Vladimir Poutine et en attaquant l’Union européenne. Certains Italiens pensent qu’il provoque pour exister, d’autres qu’il agit toujours par calcul politique.
Un héritage contrasté
Aujourd’hui, Silvio Berlusconi laisse derrière lui un héritage complexe et contrasté. D’un côté, il a contribué à transformer l’Italie, notamment en matière de médias et de football, et a joué un rôle majeur dans la politique du pays. De l’autre, il a été au cœur de nombreux scandales et affaires judiciaires, entachant ainsi son image.
Au-delà de ces controverses, il est indéniable que Silvio Berlusconi restera un personnage incontournable de l’histoire contemporaine de l’Italie. Son parcours, de simple chanteur de boîte de nuit à chef du gouvernement, en passant par homme d’affaires et empereur des médias, fascinera et interrogera encore longtemps ceux qui s’intéressent à la vie politique et économique de la péninsule.